Rédigé par Romain |
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Il n'y a rien de plus beaux que nos montagnes en Automne!
Départ avant 4h du matin pour le Pic Coolidge, depuis la Bérarde. Une longue tirée nous attend, d'abord sur le plat du Carrelet, puis dans la montée de Temple-Ecrins, puis du Col de la Temple, pour enfin accéder à l'ascension du Pic proprement dite: les vires, puis une belle pente de neige qui aboutit à une arête menant au sommet.
La vallée peine à se débarrasser de sa brume, alors que nous sommes déjà dans les cailloux du Col de la Temple.
Soumis au vent du matin, je fais l'erreur de mettre mes gants trop tard. Une onglée sévère me prend, qui me fera laisser des plumes dans la montée. A l'heure où j'écris ces lignes (soit plus de 2 semaines plus tard), je n'ai toujours pas retrouvé la sensibilité totale sur un de mes doigts.
La pente finale, alors que le soleil joue à cache-cache.
Et c'est le sommet, d'où l'Ailefroide est bien en vue.
Et il faut descendre.
Les pieds souffrent un peu de tant de cailloux, mais le paysage vaut le détour.
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Le Maire de Saint-Gervais-les-Bains, commune à laquelle je suis historiquement et familialement attaché, vient de signer le 17 Août 2017 un arrêté municipal imposant une liste de matériel obligatoire pour l’ascension du Mont-Blanc. Prenant la forme d’un coup de menton et sur un ton condescendant difficilement supportable, il « se voit obligé de siffler la fin de la récré » (sic) face à une prétendue augmentation des tentatives d’ascension par des coureurs à pieds, équipés trop légèrement à son goût. Pratique pourtant ultra-marginale face à l’afflux massif d’alpinistes sur le toit de l’Europe.
En plus de me toucher particulièrement en tant que pratiquant de la montagne, cette décision m’interpelle. Lors de notre ascension du Mont-Blanc du Tacul en début de semaine, j’ai vu des cordées de tchèques descendre l’arête de l’Aiguille du Midi. Bordée de 2000m de vide d’un côté, et de 300 bons mètres de l’autre, c’est un parcours nécessitant – en plus d’une technique correcte de cramponnage – un matériel permettant d’enrayer rapidement une chute ou une glissade, sous peine d’envoyer tout le monde en bas. Mes cordées de tchèques donc, pourvus de crampons cassés et non attachés à leurs chaussures, ne savaient manifestement pas se servir d’un piolet, pour ceux qui en avaient un. Encordés à la taille à 10m les uns des autres, de longs anneaux à la main, inutile de dire que le moindre faux-pas n’aurait eu aucune chance d’être retenu. En plus de probablement tous descendre, ils auraient aussi pu entraîner d’autres cordées lors des croisements. Ils avaient pourtant le matériel obligatoire. Mais prenaient selon moi beaucoup plus de risque qu’un Kilian Jornet, parcourant les arêtes en short et en baskets avec beaucoup de marge technique.
Cette anecdote pour affirmer que cet arrêté ne résoudra rien, et le temps le prouvera. Imposer un matériel obligatoire ne diminuera pas le nombre d’accidents, de secours ou d’interventions. Le casque est d’ailleurs absent de la liste du matériel préconisé, alors que le plus grand risque sur la voie de Saint-Gervais pour le Mont-Blanc est bien celui des chutes de pierres dans le tristement célèbre Couloir du Goûter… Où est la cohérence ?
La clé est bien sûr dans l’autonomie en montagne, la responsabilité et le niveau technique. Qu’un coureur ou un montagnard expérimenté parte en chaussures basses et sans corde ne me choque pas. Mais en dehors des risques objectifs, inhérents au fait de se trouver en montagne – un milieu risqué, par nature - chacun doit avoir conscience de son niveau, des conditions du moment et de sa capacité à passer en autonomie sur l’itinéraire choisi. Et renoncer est toujours une option, si l’un ou l’autre des critères n’est plus rempli.
M.Peillex se prend manifestement pour celui qu’il n’est pas. Il ne manque pas d’ambiguïté lorsqu’il promeut sa commune grâce au Mont-Blanc et à son attrait, se bat pour garder le sommet sur son territoire face à l’UE, mais fustige l’affluence des ascensionnistes et leur prétendu sous-équipement. Comment étaient équipés Paccard, Balmat, de Saussure ? Et plus récemment, un Rébuffat en chaussures à clous et chemise de flanelle ? Une telle promotion autour du Mont-Blanc ne contribue-t-elle pas à développer son attrait, et à augmenter encore l’affluence ? Et parmi tous ceux qui seront sensibles à cet appel du sommet, n’y-aura-t-il pas également des gens insuffisamment préparés ?
Verra-t-on un jour un Maire imposer le port de la bouée pour la baignade en mer, au prétexte que les nageurs sous-équipés mettent en danger les sauveteurs en mer ?
M.Peillex rendra-t-il bientôt la présence du guide obligatoire sur le Mont-Blanc, ou la délivrance d’un permis d’ascension (payant !), délivré sous réserve d’avoir pu justifier de sa propre expérience en montagne ? Comme si cela pouvait protéger des chutes de pierres…
Triste époque, qui veut réguler, réglementer puis interdire les derniers espaces de liberté que sont les montagnes, où l’on peut encore se retrouver seul face à soi-même, en responsabilité.
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