Ski de printemps avec Eric sur les versants Sud et Est du massif de Belledonne, pour profiter de la neige transformée. Il y a encore pas mal de relief et on est loin des billards habituels du mois de Mars/Avril, mais c’est la température qui est trompeuse : on est encore en Février.
Par le Rivier, nous remontons la combe de la Belle Etoile en papotant tranquille : la neige est jaunie par les épisodes de sables que nous avons eu récemment, et l’atmosphère est encore un peu laiteuse.
Direction le Col de la Vache, au fond dans l’ombre.
Sa traversée nous fait repasser au soleil.
Avec le Pic des Cabottes en arrière-plan, nous remontons vers la crête des Ilettes.
Puis vers la Belle Etoile.
Descente du Couloir Sud pas historique, et une neige un peu meilleure et mieux ramollie en dessous, permettant de bonnes vitesses.
Un grand sommet du coin, sur lequel nous ne nous étions encore pas tenus, aucun d’entre nous ! Et c’est donc une équipe de 5 qui se constitue au départ des Roches dans la vallée des Villards ce vendredi ensoleillé. Patrick et son fils Bastien, Olivier, Yoann et moi.
La remontée du vallon est un peu longuette et il fait déjà chaud en versant Est : le soleil est déjà bien là, ce qui est de bon augure pour la suite et la transformation de la neige.
Vers 2500m, j’utilise mon avance pour faire un détour au Col du Gleysin, avant de revenir au fond de la combe pour récupérer le groupe et gravir les grandes pentes sous le sommet.
Descente très lisse au début au Sud du sommet, assez raide et rapide. La suite est plus tourmentée par les coulées récentes, mais en bonne neige transformée jusqu’en bas.
La sortie absolue, avec une belle équipe, du soleil, une neige incroyable et des paysages époustouflants.
Ca commence par la montée dans le cirque de l’Aup du Seuil, toujours une régal pour les yeux. Quand en plus le soleil fait scintiller la neige fraîche…
Une fois sur le synclinal, nous prenons vers le Nord pour goûter à la descente canadienne promise par Patrick. Et bingo, nous faisons les premières traces dans une neige de folie au milieu des pins et sapins.
La descente est assez courte, et au fond du thalweg nous repartons vers le Sud. Le ski s’apparente plutôt à du ski de rando nordique sur cette section. Mais quel plaisir pour les yeux…
Papotant de tout et de rien, nous voici arrivés au pied de la pente Est des Lances de Malissard, après avoir traversé les blocs du Chaos de Bellefond.
Et nous passons en mode descente, pour skier cette pente à l’abri de l’éperon qui raye la face. Quelle neige, mes aïeux.
Et c’est reparti pour le Sud, direction le Pas de Ragris pour redescendre dans la mer de nuages.
A l’entrée du Pas, nous sommes les premiers !
Assez vite, le couloir présente un ressaut rocheux qui aurait nécessité un petit rappel. Mais n’ayant pas la corde, on louvoiera vers la branche de gauche, moyennant un peu de ski acrobatique.
Ensuite c’est plus tranquille, et on retrouve un peu de belle neige.
Et ça se poursuivra jusqu’au parking à travers une hêtraie parfaite.
Une fois n’est pas coutume (mais peut-être que ça le deviendra ?), je vais vous faire une chronique musicale. Pas de photos de montagne, ni d’action ici, il n’y aura que du texte et un lien qui vous permettra d’écouter le titre en question, j’espère avec attention. De préférence, ce titre devrait s’écouter au casque ou sur un système audio de bonne qualité pour en percevoir toutes les subtilités et la richesse.
Le morceau du jour s’appelle Ham Hock Blues. Composé par Lionel Hampton et enregistré en 1974, il a été remasterisé en 2005 et republié chez LRC Ltd.
Lionel Hampton est un batteur, pianiste et vibraphoniste de génie. Le vibraphone lui permet d’exprimer son sens de la rythmique et de la percussion avec le son doux et subtil du vibraphone. Et lorsqu’il prend la parole pour un solo, son harmonie est excellente et ses solos mémorables. Né en 1908 et décédé en 2002, il a joué avec les plus grands du jazz US, dont Luis Armstrong, Duke Ellington, Count Basie, Dizzy Gillespie ou Chick Corea. Ses participations au quartet de Bennie Goodman sont entrées dans la légende, et un club de jazz de Paris portait même son nom (le Jazz Club Étoile, anciennement Jazz Club Lionel Hampton, club de jazz situé dans l'enceinte de l'hôtel Méridien Étoile, dans le 17e arrondissement).
Le morceau
Lionel Hampton signe ici avec le Ham Hock Blues une de ses plus belles compositions à mon avis : un blues pur et dur de 12 mesures à 120bpm, en Do mineur sur une progression d’accord i-iv-i-VI-V7-i : 4 mesures de Do mineur, 2 mesures de Fa mineur puis 2 mesures de Do mineur, et une dernière ligne de La bémol / Sol dominant pour repartir sur 2 mesures de Do mineur, avant de repartir en boucle : une harmonie caractéristique du mode Aeolien, le mode mineur naturel très utilisé dans le blues.
La mélodie se caractérise par une ligne de basse – un walking bass répétitive de type ostinato, portée par la contrebasse.
La section rythmique
Dans notre enregistrement, c’est George Duvivier qui assure la basse. Ce contrebassiste américain mort en 1985 qui a joué avec les plus grands mène le tempo sans défauts et donne un groove indéniable à la section rythmique.
Le grand Buddy Rich, un des plus grands batteurs de l’histoire, mène l’ensemble de la formation avec un swing parfait sur ses cymbales de ride, tout en relaçant quand il faut avec un coup de caisse claire. Ses breaks sont hallucinants de constance, malgré les syncopes et les afterbeats : il dynamise les solos, les accompagne et les soutient avec la régularité d’un métronome.
A la croisée de chemins entre la rythmique et la mélodique, Lionel Hampton signe de superbes parties dans ce morceau. Le vibraphone exprime tout son potentiel dans toute sa tessiture : des envolées rapides dans l’aigu, jusqu’aux mediums et basses profondes qui résonnent. C’est lui qui attaque le morceau, après une exposition de la ligne de basse au piano / contrebasse.
La section mélodique
Au piano, on trouve Teddy Wilson : encore un ancien de Benny Goodman, le vrai inventeur du swing! Son jeu rapide et précis assure parfois la walking bass du morceau, mais trouve aussi toute sa place lors de ses solos. Il prend d’abord son temps, puis démarre, et son jeu de main droite s’envole, accompagné des breaks de Buddy Rich qui ponctue parfois les phrases d’un coup de charleston, et parfaitement soutenu par la basse.
Au saxophone ténor, Zoot Sims. Partenaire de Al Cohn ou Stan Getz dans les Four Brothers, il reprend ici son jeu typique, profond et dynamique avec de forts contrastes : d’abord pianissimo avec un son moelleux velouté (on retrouve un peu le son de Stan Getz!), puis soudain plus forte en appuyant sur le côté cuivré.
Vous l’aurez compris, cet enregistrement c’est un peu le All-Star-Game. Chacun exprime tout son talent, dans une écoute totale entre les musiciens. Et sur les 9 minutes 30 que dure le morceau, vous aurez tout le temps d’en profiter comme il faut. Je vous mets ici le lien vers YouTube, mais si vous avez accès à un service de streaming en ligne en haute qualité, c’est préférable.
Quelle saison pour le ski de fond ! Les stations profitent à fond de la fermeture des remontées, et l’affluence s’en ressent. Au moindre rayon de soleil, une foule mixte de pratiquants confirmés et débutants se massent sur les parkings pour profiter de la neige et de l’hiver différemment. Il est difficile de prédire si cet engouement est un pis-aller ou s’il persistera. Espérons que petit à petit, la pratique de la montagne se diversifie et ne repose plus uniquement sur le modèle du ski mécanisé – voué à disparaître à plus ou moins long terme : les investissements prohibitifs et les coûts d’exploitation très élevés le rendant trop aléatoire dans un contexte de réchauffement climatique.
Les conditions cet hiver sont exceptionnelles, avec un enneigement abondant jusqu’en basse montagne. Nous en profitons bien sûr autant que possible, d’autant plus que la perspective d’une fermeture généralisée se profile dangereusement. Sera-t-on autorisés à se déplacer à 1km pendant 1h, ou 20km pendant 3h ? Cela fera toute la différence pour la montagne et son écosystème à proximité de grandes agglomérations comme Grenoble.
Le ski de rando est en plein essor également. Mais il présente des dangers objectifs et un ticket d’entrée physique bien plus élevé, rendant sa pérennité bien moins certaine dans les prochaines années. Les pratiquants récemment convertis se sont massivement équipés en matériel spécifique et sont bien visibles sur les parkings et dans la montagne. Beaucoup découvrent l’activité et la montagne non sécurisée en même temps. Malgré l’affluence parfois pénible sur les itinéraires classiques, l’engouement pour la pratique est enthousiasmant.
Montée au Col de Mauvernay depuis le monastère de la Grande Chartreuse avec Patrick et Yoann. Une neige de fou dans la forêt.
En famille, montée à la Sure d’Autrans. Les plus grands portent les skis des plus petits !
Enfin, mention spéciale à la station d’Autrans qui a pu ouvrir le superbe itinéraire des Pichières pour monter à la Molière depuis la route de la Sure. Une longue montée splendide tout en balcon, moins « hardcore » que la montée classique par la Grande Brèche.
Il fallait en profiter avant le redoux et/ou le reconfinement…