C’était mon rendez-vous de la saison, celui pour lequel j’ai passé tant d’heures d’entraînement. Je l’attendais long et difficile, je n’ai pas été déçu.
C’est ce que les anglophones appellent le "type-2 fun". Contrairement au "type-1", le plaisir n’est pas immédiat : c’est même parfois une vraie souffrance pendant, qui ne laisse place à du plaisir qu’après...
Départ de la maison à 10h, ce qui devrait me laisser une bonne marge pour me préparer au départ avent l’arrivée de Yann, passé vers 9h à Corrençon en 41ème position. Son SMS m’indique que tout va bien, que les jambes sont là et c’est encourageant pour la suite qu’il va lui falloir avaler. Le gros morceau de sa partie consiste en une montée hors-sentier et une traversée entre les crêtes des Chaudières et la Petite Moucherolle, suivie d’une descente droit sur Cote 2000 par les pistes de ski.

Cote 2000

Je retrouve Cyril au départ. Il attend également son coéquipier. Nous voyons arriver Roland, un collègue engagé sur le parcours en solo. Il est à moins de la moitié du parcours, mais ça a l’air d’aller – il pointe à la 89ème position.
Cyril part vers 11h40. Étant bon coureur de marathon, je me dis que je ne le reverrai pas!

Passage du relais de Cyril :

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Yann arrive presque 10min plus tard. Il a l’air un peu hagard, et me dit que la descente l’a achevé. Il est en 38ème position, et c’est à mon tour de jouer.
Je remonte tranquillement mais à bonne vitesse vers les Clots, puis le vallon de la Fauge. Une petite remontée nous amène sur le plateau de Machiret, à proximité de la Conversaria. Je suis sur un rythme me garantissant un parcours total en 6h, c'est tout bon.

Les sentiers sont peu intéressants, mais le parcours donne de jolies vues sur les Allières et Lans.

Lans-en-Vercors

16km parcourus, toujours 38ème position, je n'ai rien vu passer, c'est easy. Au ravito je trouve Roland et Cyril avachis sur des chaises. Roland annonce qu'il va devoir gérer la suite, et Cyril a quelques soucis gastriques. Après une petite pause et un bon plein d'eau, Cyril et moi partons ensemble pour le gros morceau, la montée du Moucherotte par les Ramées.

Le sentier attaque tout droit dans la falaise et l'école d'escalade. Certains passages sont équipés de cordes fixes, c'est vraiment du terrain "montagne". Plus à l'aise que Cyril, je le distance assez vite - et je ne le reverrais plus jusqu'à l'arrivée.

Le sentier se calme ensuite vers le Pas de la Tinette puis sur le plateau des Ramées. J'ai une bonne allure, même si l'essentiel se fait en marchant. A l'entraînement il serait aisé de courir ici. Mais là, il faut assurer la suite...

La dernière montée pour le Moucherotte est interminable. Il fait chaud, il n'y a pas d'ombre et ça n'avance pas très vite. Je croise alors une silhouette connue, à la descente! C'est Patrice, engagé sur le solo et qui pointait dans les 15/20 premiers, qui a jeté l'éponge: plus de forces, plus de plaisir, il est contraint à l'abandon.

A 15h passées, grosse banane en foulant le sommet du Moucherotte. Je m'octroie une mini pause photo, puis je rattache les bâtons sur le sac pour la descente.

Passage au Moucherotte #utv2014 #trailrunning
La descente par la trouée Nord est vraiment peu roulante. Heureusement, nous récupérons la piste assez vite, et cela permet de courir un peu. J'arrive à Saint-Nizier sous les encouragements du public, nombreux au pied du téléski dans le village. Top!

Saint-Nizier

Mon horaire prévisionnel est déjà garanti d'être explosé, mais j'ai fait la moitié de la distance et plus de la moitié du déniv, l'affaire semble jouable. Je passe en 33ème position - les portions montagneuses me sont favorables.

Pas de Cyril en vue, mais je retrouve Alain, avec qui j'ai fait le yoyo dans toute la première partie. Je le rattrape en montée, il me distance en descente. Le ravito passe assez bien, et je repars 10min environ après mon arrivée.

La suite du parcours emprunte le Pas du Curé et son passage dans les barres. C'est rapide, mais je commence à avoir les jambes lourdes après 30km+ et 1700m de déniv. Je connais la suite et la montée au Pas du Tracollet, je sais qu'il faut s'économiser...

Voilà la route d'Engins. Nous attaquons par une portion d'1km de goudron montant, l'horreur. Le sentier remonte alors par la gauche en sous-bois, pour 700m de déniv d'une traite.

Je rattrape Alain, et nous faisons la montée ensemble. Le monde du trail grenoblois étant petit, il se trouve que nous avons plusieurs connaissances en commun, ça permet de papoter un peu!

Je souffre pendant cette montée. Légèrement vaseux, je dois m'arrêter 1min sur l'alpage et laisser Alain filer. Il me propose de descendre tranquille et de se poser à Autrans. Malheureusement, j'ai besoin de ma pause maintenant! Je le garde en visu dans le Pas du Tracollet, mais dans la descente il me distance - jusqu'à la fin!

Le parcours a été modifié: je m'attendais à une descente par les Feneys, finalement nous passerons au sommet de Charande pour aller chercher le beau sentier des Combettes. A refaire à vélo, ça doit être superbe.

Pour l'heure je souffre un peu, et je me sens un peu à bout de forces après ces 40km. Je me cale derrière un solo qui descend plutôt encore bien jusqu'à la route d'Autrans. Je vois le clocher du village, qui me parait vraiment loin. Après une brève remontée et des sentiers sympas en descente, nous voilà à Autrans. Ouf!

Autrans

Yann m'attend au ravito et ses encouragements me font du bien. Il m'annonce que nous pointons en 29ème position - c'est un peu la surprise pour moi. Je m'assois un moment et me ravitaille un peu, avant les 7 ou 8km qu'il reste à parcourir.

Vu le temps déjà passé en course, je sais déjà que je serai plus sur une base de 8h que les 7h maxi envisagées au départ. Mais pourtant, le classement évolue en notre faveur - j'imagine que tous les coureurs ont du se faire surprendre comme moi.

Je repars en trottinant, la pause m'a fait du bien. J'avale la montée aux tremplins à un rythme correct, et je sais que la suite est globalement descendante. Le sentier est assez monotone dans les bois, et j'ai vraiment envie d'arriver.

Je me sens un peu tout cassé, et toujours un peu brassé, mais globalement ça va: j'arrive à courir plutôt bien.

Méaudre est en vue, puis la balise "dernier km". Après une petite boucle dans le village, je termine ma section en 8h05 (7h13 de course, le reste en pauses aux ravitos!), à la 31ème position, doublé par le 30ème à 2km de l'arrivée.

Les passages étant publiés en temps réel sur le site de la course (sauf à Autrans, où apparemment ça a un peu déconné), je me savais suivi de loin:

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Méaudre

Cyril arrivera 25min plus tard, en 36ème position. Il a retrouvé des forces après avoir pu s'alimenter un peu mieux à Autrans.

Pour ma part, il me faudra un petit moment avant de pouvoir manger quelque chose. Ce n'est qu'une fois rentré à la maison que l’appétit reviendra. Pour l'anecdote, je suis passé sur la balance en arrivant chez moi: 3kg de perdus, mais vraiment heureux d'avoir fini ce parcours et d'en avoir profité.

Gros coup de chapeau à tous les solos - c'est vraiment encore un autre monde...