Archives 2016

Grand Tour de Freydane

Marre des week-ends maussades, je n’ai pas de contrainte ce mercredi et il fait beau, donc je pose un jour sans scrupules. L’idée est de faire le tour du Grand Pic de Belledonne.

Je démarre peu après 6h de Freydières environ, alors que la luminosité arrive petit à petit. La forêt est entièrement déneigée comme d’habitude à cette période, et les baskets aux pieds sont appréciables. En revanche, là où je me préparais à monter jusqu’au Lac du Crozet à pied sec, c’est au sortir de la forêt que je chausserai, sur une neige encore bien gelée mais ininterrompue à partir de là.

La montée est rapide jusqu’aux Lacs des Doménon, où un skieur me rejoint alors que je mange un morceau et me prépare à voir arriver le soleil. Lui ne s’est pas posé de question, et il est monté en baskets jusque là.

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Je dois faire la trace sur le Névé de la Grande Pente : les chutes de neige de dimanche et lundi ont déposé un peu de fraîche, qui s’est légèrement cartonnée mardi au soleil.

A 9h, je suis au sommet de la Croix : pas âme qui vive, douceur et pas de vent. La montagne est paisible, et je reste un moment à en profiter.

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J’attaque la descente du Col de Belledonne peu après : plein Est, le bas a déjà bien ramolli quand j’arrive au Lac de Belledonne, après une très belle descente assez raide sur 700m de dénivelée en très bonne transfo.

Sans titre La remontée vers la petite brèche qui me donne accès au Vallon de la Balmette me fera bien transpirer : orientée Sud-Est, il y fait déjà très chaud alors qu’il n’est que 10h…
Pile sous la face Est du Grand Pic, je bascule dans le Vallon est attaque la remontée au Col de la Balmette. La neige sur le haut est vraiment molle et je dois tout tracer. Je finis à pieds les derniers mètres raides sous le Col.

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La descente sur le Glacier de Freydane est en neige très dure sous le Col, et ravagée par des boules. Je descends quelques mètres à pieds, puis je chausse pour traverser vers les belles pentes mieux orientées, qui sont ensuite très lisses jusqu’au Lac Blanc. Toujours personne en vue, le coin est déjà sauvage d’habitude, mais aujourd’hui c’est vraiment déserté. D’ailleurs, je vois que le Col des Lances n’est pas tracé…

Au Lac je remets les peaux, et j’attaque la montée tranquille. Je dois tout retracer dans la neige récente, et je m’attache à faire une trace économique. Pas moins de 25 conversions seront nécessaires pour venir à bout du Col sans tracer trop raide.

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La suite est classique: descente sur le Glacier de la Sitre, dans une neige bien ramollie, mais pas mal de boules encore. Enfin, une courte remontée sur le Col du Loup pour rebasculer sur le Lac du Crozet. Et hormis la montée au Lac, le Grand Tour permet de ne jamais repasser sur ses traces.

Excellente neige sous le Col du Loup, vers 13h. La meilleure de la journée !

Je retrouve mes baskets sous mon rocher au pied de la face Nord du Grand Colon, et je profite de la descente printanière, au milieu des fleurs et des oiseaux.

Mont Aiguille au pied levé

Ce samedi matin, le ciel est finalement pas si mauvais que prévu. Et même les averses prévues pour l'après-midi sont finalement annulées. Après une petite grasse mat', on se dit qu'on irait bien au Mont Aiguille. Notre départ est tardif. Nous sommes à Richardière vers 10h30, et à l'attaque vers midi. Il reste pas mal de neige dans les pentes sous le bastion.

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Le temps de s'équiper que nous prenons déjà des cailloux sur la tête par une cordée mal engagée au dessus. Ils se sont fourvoyés dès la première longueur. Ca nous permet de les doubler assez vite. C'est le genre de voie où l'on est plus serein sans personne au-dessus.

Les premières longueurs sont bien efficaces, et nous avançons tout à corde tendue dans les vires aériennes jusqu'à la Vierge. Le vieux câble est toujours là, mais dans quel état?

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Dans le grand couloir donnant sur les vires du dessus, la neige est encore bien là. Cela permet de remonter en évitant le terrain instable et les éboulis de cailloux.

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Nous passons les Vires à Meules, pour aboutir rapidement à la cheminée finale. Manque de pot, elle est encombrée par 1) de la neige au fond 2) plusieurs cordées qui se braillent dessus.

A peine engagé dans le bas de la Cheminée, une volée de cailloux est envoyée par les grimpeurs du haut. Une pierre me lèche affectueusement le poignet. Pas trop grave, mais on se met à l'abri. Emmanuelle reste sur la vire à couvert, alors que je me vache sous un ressaut sur le côté de la cheminée, en sécurité. Nous attendrons un moment comme ça, le temps qu'ils dégagent le terrain.

Nous repartons alors qu'ils ont un peu avancé.

Une deuxième salve de pierres est déclenchée depuis les grimpeurs déjà sortis de la cheminée, au sommet. Je me mets à l'abri et je vois les caillasses voler sur les suivants: Emmanuelle (qui est hors de ma vue, sous un ressaut de la cheminée), et les 2 grimpeurs doublés au début. J'entends un cri alors qu'Emmanuelle prend le caillou dans l'avant-bras. Les 2 grimpeurs me font signe que ça va.

Passablement énervé par ces grimpeurs qui nous mettent en danger depuis le haut, je n'ai plus qu'une idée en tête: sortir de ce guêpier le plus vite possible. Je double la cordée devant nous: ils sont décidément trop lents et ils nous mettent en danger.

Nous sortons par le flanc gauche du couloir, la voie classique étant enneigée. Terrain péteux plein de cailloux, mais en étant précautionneux ce n'est pas compliqué de ne pas en faire tomber, BORDEL.
Sur le relais, je fais monter Emmanuelle, qui a une douleur intense au bras: gros hématome et un peu de sang, mais pas de casse. Le bilan aurait pu être lourd.

L'un des grimpeurs de la cordée coupable lui offrira un Doliprane en compensation, après moult excuses...

Par une peu de marche, nous montons au sommet. Le vent du Sud est violent.

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Hors de question de se taper les mêmes dangers à la descente dans les rappels: nous avalons un morceau au sommet, avec comme objectif d'engager la descente bien avant eux.

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Le couloir des tubulaires, habituellement amas de cailloux mouvant est aujourd'hui intégralement en neige - heureusement molle!

Ancrés sur les piolets (obligatoires!) et encordés court, nous mettrons un moment à atteindre le premier rappel, qui passe sans encombres jusqu'à la neige.

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Les suivants sont loin, pas de danger. On attaque sereinement le grand rappel de 40m en fil d'araignée, dans la faille.

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Arrivés sur la neige en fond de faille et alors que nous lovons la corde, revoilà une salve de cailloux venue d'on-ne-sait-où qui nous arrive droit dessus. Les suivants sont loin, ça ne peut pas être eux, sûrement des animaux?

Cette fois-ci c'est moi qui prend: gros hématome sur le coude et le bras endolori, choc heureusement amorti par la veste. Pas de casse non plus cette fois, mais ça commence à bien faire.

Le fond de faille est enneigé et on passe la petite désescalade et la boîte aux lettres sans même les voir, tout est sous la neige.

Le plus rapidement possible, on dégage de l'endroit pour se retrouver plus peinard sur les névés de l'approche, à bonne distance de la falaise. A cette saison, le Mont Aiguille n'est pas purgé de sa neige, et encore moins de ses cailloux. Mais l'incident n'a pas gâché notre plaisir de parcourir ce beau sommet!

Traversée des Grandes Rousses

Seule journée de vrai beau temps pour la semaine, c'était le créneau à ne pas rater. Les orages de la veille ont déposé une belle neige poudreuse d'avril à partir de 2000m, idéal pour un parcours comme celui-ci.

Cela démarre par la montée au Pic Blanc depuis Vaujany: téléphérique avec les skieurs de station, nous sommes un peu extra-terrestres avec nos sacs et nos piolets. Premier, deuxième, puis troisième tronçon après une très courte descente dans une neige superbe, qui nous donne un avant goût de ce que l'on trouvera là-haut!

A peine chaussés les skis, il faut passer sous les filets de protection du Pic Blanc et laisser filer les skieurs du Grand Sablat. Nous mettons les peaux pour passer au Col de la Pyramide.

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Assez vite dans la montée au Pic Bayle, il faut enlever les skis et finir à pieds par la belle arête SE aérienne.

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Le sommet est vite atteint. Devant nous la belle descente suspendue du Glacier des Quirlies. Un régal de pente poudreuse déjà crayonnée par 4 skieurs du groupe devant nous. Le passage de la petite barre se fait sans aucun problème.

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La pente se fait plus forte sur la fin, pour franchir le front glaciaire. Le groupe devant nous a fait partir 2 plaques (dont une à distance) peu épaisses, mais nous skions donc prudemment.

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En progressant vers le Col des Quirlies, regard en arrière sur cette belle section.

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Devant nous, le Col.

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Il donne accès au Glacier de Saint-Sorlin, au pied du Pic de l'Etendard.

Courte pause pique-nique, et nous repartons vers le creux du Glacier. Pas le temps de monter à l'Etendard, pourtant à portée de main: le soleil tape comme jamais (nous cuisons) dans ce four.

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Réglant le thermostat au maximum, nous remontons vers la Brèche de la Cochette, notre passage pour rebasculer sur le versant Vaujany.

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C'est une minuscule brèche où l'on tient à peine à 2. Derrière, quelques mètres gelés pour atteindre une niche où l'on peut chausser et skier un court couloir puis la pente qui lui fait suite en s'adoucissant.

Le passage est alpin, la corde est utile pour assurer la descente à la niche, puis le début du couloir en neige bien dure. Ces obstacles franchis, la neige redevient excellente.

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Plus de 2000m de descente sont devant nous, dans un décor superbe. Il faut louvoyer entre les rochers et les barres pour rejoindre le Plan des Cavalles.

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C'est vaste...

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Le Plan des Cavalles nous conduit ensuite en pente douce, alors que la poudreuse disparaît et fait place à la neige de printemps.

La draye du Couard, qui part du Col du même nom: un vrai dégueuloir des pentes S des Aiguillettes de Vaujany. Il ne faut pas traîner dans le coin en période de réchauffement.

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Vient ensuite le moment de rejoindre La Villette puis Vaujany. L'enneigement finit par se faire plus rare, et nous devrons déchausser un moment vers Roche Melon.

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Ski de printemps

Nous rejoignons la Villette puis Vaujany à pieds, cramés par plus de 6h passées au dessus de 3000m au soleil d'avril...

Pas du Mortier

On trouve peu d'infos sur le Pas du Mortier sur le web. Un petit topo très court sur bivouak, et quelques informations par-ci par-là. Le mieux est d'aller voir sur place, soi-même. Et comme c'est le dernier passage de la muraille Nord du Vercors que je ne connais pas, j'y trouve d'autant plus d'intérêt.

Après une montée bien aride depuis Veurey par Ezy (1100m de dénivelé en 6km), j'atteins la route du Mortier. L'hiver n'a pas fait du bien au nettoyage qui avait eu lieu l'an dernier. On retrouve à nouveau des cailloux, et cela redonne à la route son aspect abandonné, que j'aime assez.

Je passe par le tunnel à la montée, et rejoins le sommet de la Buffe. La vue est top, et il n'y a jamais personne dans ces soins pourtant si beaux et si sauvages.

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Le temps se gâte sérieusement par le Sud et il pleut déjà sur Autrans. De gros nuages bien sombres s'approchent: je mets la veste et j'entame la descente après une pause (toujours trop courte) contemplative au sommet. Quel privilège de pouvoir atteindre un endroit pareil depuis sa maison.

Voilà l'entrée du Pas de Mortier, et une vue de la falaise dans laquelle le parcours se déroule. Photo empruntée à Gérard Barré, prise depuis la Sure.

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Le sentier est tombé en désuétude depuis le percement du tunnel. C'est une vague sente plus fréquentée par les animaux que par les humains. Le danger y est constant, sur une trace très étroite, parfois très raide et glissante, méchamment exposée tout du long au dessus de barres rocheuses.

Cela débute par une traversée descendante vers le Sud, plutôt tranquille sur une vire. On atteint un thalweg dans lequel se trouve une grotte, atteinte après un petit pas de désescalade ultra expo mais facile pour franchir une petite barre. La grotte est boueuse et mes semelles accumulent la gadoue: un handicap pour la suite...

La sente se dirige ensuite dans la direction opposée, en remontant pour contourner une barre. On franchit une zône herbeuse très raide en traversée, où le sentier ne se voit plus. Une glissade ici ne laisserait aucune chance.

Par une petite chatière, on atteint une espèce de combe raide et feuillue dans laquelle le sentier descend en lacets. Mais avec la pente, il vaut mieux assurer chaque pas, c'est glissant. Un névé est encore présent mais la neige est molle et il se franchit sans danger. Sur neige dure ici, ça aurait été une autre histoire.

Enfin, toujours contournant habilement les obstacles, le sentier atteint le mur de déblai de la route. Une flèche bleue marque le départ, dans le sens de la montée.

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Descente sans histoire par Noyarey et les nouvelles pistes forestières tracées l'an dernier, passant pile sous les falaises de la Sure (très impressionnantes depuis le pied), et la fin du Chemin des Boeufs jusqu'aux ruines de Caron, puis Noyarey-village.

Je n'échappe pas à la pluie, qui m’attrape dans la forêt au dessus de Noyarey.

Tour des Coulmes

Les Coulmes, c'est ce petit massif forestier en bordure occidentale du Vercors. Coincé entre Les Ecouges au Nord, Presles au Sud et Rencurel à l'Est. Située sur un petit plateau, on y trouve une forêt très ancienne et des traces d'habitation et d'exploitation datant du Moyen-Âge. Un GR en fait le tour complet, c'est une randonnée classique du coin sur plusieurs jours.

Quand je pars du Col de Romeyère ce dimanche à 14h... tout est blanc! La chute de neige de vendredi a posé 15cm de neige lourde dès 1000m dans les versants abrités du soleil. Je commence donc sous la neige pour franchir le Pas du Follet. Les pieds sont vite trempés, mais le soleil me réchauffera en passant en versant Ouest, je ne m'inquiète pas trop.

La descente sur Malleval est blanche aussi, et une trace de piéton m'indique le chemin: pratique, pour ne pas avoir à chercher.

Dans le début de la montée vers le Pas de Pré Bourret, je me retourne sur Malleval:

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Le Pas franchi, c'est une longue descente sur le hameau Le Faz, puis sur Presles où je me pose au soleil près de la fontaine, et face à l'Auberge, chez Ezio: rendez-vous mythique des grimpeurs des falaises situées juste au Sud du Village. 20km.

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La prochaine étape est le hameau ruiné de la Goulandière: le sentier remonte de Presles vers le bord de la falaise, direction Est. Il se perd parfois dans les coupes forestières et il me faut m'arrêter plusieurs fois faire des points topo.

Voilà le Hameau en ruine. La vue sur les Gorges de la Bourne est top. 27km.

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La suite est un sentier bien marqué en balcon, dans les profondeurs de la forêt des Coulmes. Un peu à court d'eau depuis Presles, je scrute la carte pour finalement trouver une fontaine ruisselante au km32.

De temps à autre on croise une ferme ou une habitation en bout d'une route montant de la vallée. Les chiens non attachés sont un véritable problème pour le marcheur, ici. Il faudrait un tazer pour être tranquille...

Par une dernier bout de forêt vallonné, je regagne le parking après ce tour complet, en 4:51 dont 4:13 de course pour 37km.

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