Tête N du Replat

Deux jours dispos sans les enfants, avec bonne météo et montagne en condition: autant dire un truc qui n'arrive qu'une fois par lustre, et qu'il ne fallait pas rater. Manue blessée au pied, ça a failli tomber à l'eau mais un changement de plan de dernière minute et une cure d'anti-inflammatoire intense ont rendu une sortie possible.

Au départ de la Bérarde, c'est un peu l'anti-Chamonix: ici, pas d'autoroute, pas de gare, encore moins de téléphérique. Pas d'anglais en tenue à la mode, pas de bars branchés. Un bled, paumé au bout d'une route qui ne mène nulle-part. Des vallées basses, des sommets hauts et entre les deux, du caillou. Plein de cailloux.

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Et bien sûr, ces montagnes: les Ecrins, la Meije, qui se dévoile après avoir passé le coude des Etançons.

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Le refuge du Chatelleret, accueillant et confortable.

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Au matin, on attaque les cailloux. Des gros, des petits, des mobiles, des fixes. Pendant 3h.

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Bon, on ne se plaint pas, la vue vaut le détour quand même.

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On arrive en vue de notre aimable arête SE de la Tête N du Replat (aimable mais attention! c'est quand même une des "100 plus belles"). On est tous seuls: quelques équipes iront sur la Tête S en aller/retour depuis le Col du Replat.

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Et puis... il y a toujours cette vue.

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Blam! Selfie au sommet.

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Redescente par un petit rappel qui donne accès aux éboulis, puis à la neige. Ah, qu'on a bien fait de ne pas écouter les gonz nous conseillant de ne pas emmener les crampons. Une petite glissade sur ce névé raide en neige dure, et tout le monde se retrouverait en bas.

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On range la corde mais on aurait du la garder pour descendre le Col du Replat, qui est vraiment merdique. 50m de couloir en désescalade pour aboutir aux cailloux. Et puis 3h de descente dans les cailloux. OVER DOSE de cailloux.

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Les chamois doivent en avoir marre aussi de cette caillasse, ils squattent les seuls petits névés restants.

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Pas d'horaires à respecter, pas de record, pas d' #alpinrunning. Du plaisir, du soleil et de la montagne... de la vraie!

Plateau de Sornin

Les orages sont annoncés tôt dans l'après-midi ce samedi, nous tentons donc de partir en randonnée pas trop tard. Je dois guider toute cette troupe vers le Plateau de Sornin: un bel endroit atteint sans trop de dénivelé, parfaitement adapté aux petites jambes.

Après un petit tour sympa aux aurores en solo, vers les Pas de Montbrand et de Pertuson, nous sommes d'attaque à 10h sous le sommet de Plénouze. La montée est agréable dans de grands prés et il fait déjà chaud, surtout avec mes +18kg de Jocelyn dans le dos.

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Parvenus sur la crête, nous bifurquons assez vite sur le flanc Est, pour passer à proximité du scialet dit du "Puits aux Écritures". Une dépression étroite qui garde son névé très longtemps, aux parois verticales sur lesquelles des hommes ont gravé toutes sortes de choses au fil des ans. On y trouve des inscriptions récentes bien sûr, mais également des symboles et signes ésotériques, comme des croix boulées.

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Après cette étape rafraichissante, nous reprenons la route parmi les lapiaz, en direction du Plateau de Sornin.

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Et nous y voilà: un vaste plateau herbeux, bordé au Nord par des falaises abruptes (et la Draye des Communaux tout près), parsemé de hêtres centenaires sous lequels émergent quelques blocs de calcaire erratiques. C'est un endroit un peu magique.

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Devant la bergerie installée au sommet d'une bute:

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Mais c'est aussi un endroit propice au pique-nique, et tout le monde commence à avoir faim. Et vient ensuite l'heure de la sieste.

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Sur le retour, les garçons ont encore de l'énergie pour explorer tous les lapiaz au bord du chemin. Nous ne ferons finalement pas le détour pour voir l'entrée du Gouffre Berger, au grand regret des garçons. Il faudra revenir!

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La journée se terminera finalement sans orages, mais avec une bonne glace sur la place du village. Un avant-goût de vacances.

Dôme des Ecrins

A défaut de Mont-Blanc, nous nous sommes rabattus sur le culmen des Ecrins, où la météo et les conditions étaient plus favorables. Le sommet n'usurpe pas sa réputation: très exposé aux séracs mais très fréquenté, et un panorama gigantesque sur les Alpes.



Comme je suis un peu en retard sur les articles, pas de récit, juste des photos:

Roche Faurio par le Col des Ecrins

C’est assurément à la fois une belle sortie de ski, mais aussi une belle expérience de montagne que nous avons vécu avec Olivier ce mercredi : une course qui présente un engagement certain, de l’altitude et un beau sommet du massif des Ecrins. A cela s’ajoute l’aspect technique indéniable du passage du Col des Ecrins, surtout renommé pour avoir le record du nombre d’accidents mortels du massif ces dernières années.

Bref, le ton étant donné et la triste renommée du passage connue et correctement appréhendée, nous voilà donc partis sur la remontée du glacier de Bonnepierre, après une nuit sous la tente à la Bérarde. La moraine déneigée nous permet de remonter efficacement assez haut en conservant les baskets aux pieds.

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On finit quand même par chausser les skis, plutôt parce que ça alourdit les sacs !

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Nous passons devant le fameux couloir Mayer-Dibona du Dôme des Ecrins, pour nous diriger vers le Col des Ecrins.

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Et le voilà. C’est une pente de neige raide (progressive de 40 à 50° d’inclinaison) qui débouche sur une étroiture rocheuse de 50/100m, aboutissant au Col. L’ensemble ne poserait aucun problème s’il n’y avait cette vilaine barre rocheuse qui raye la face dans sa partie inférieure. De hauteur croissante à mesure qu’on se rapproche de l’axe du couloir, elle représente un danger certain en cas de chute dans la pente supérieure. En clair, c’est mort expo.

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Le haut de la pente de neige vient buter sur les rochers, équipés d’un câble fixe. Il facilite bien la progression dans ce terrain technique. Rapidement et sans difficultés, on aboutit au Col. Mais la tension ne retombe pas pour autant, car il faudra descendre ce Col tout à l’heure et ce sera bien plus tendu encore.

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Contraste étonnant entre ce versant Ouest à l’ombre, raide, engagé, austère et l’autre côté : baigné de soleil, très ouvert sur le Glacier Blanc et dominé par la Barre des Ecrins, superbe muraillle.

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On s’encorde pour le parcours glaciaire jusqu’à Roche Faurio. Encordement long, qu’il est bien compliqué de garder tendu lorsque la trace fait des Z dans la montée…

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Nous ralentissons significativement le rythme, pour cause de a) déjà plus de 1800m dans les jambes, b) altitude supérieure à 3500m et c) fournaise de ce versant Sud de Roche Faurio !

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On passe par l’arête Sud, qui nécessite un court déchaussage pour atteindre l’épaule finale.

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Enfin, c’est le sommet de Roche Faurio – 3730m

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Comme on a encore du chemin pour rentrer à la Bérarde, on ne traîne pas trop !

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Il faut remettre les peaux pour faire 100m jusqu’au Col des Ecrins. Il fait chaud, ça tire…

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On s’octroie une longue pause au Col, que nous imaginions moins ventée. On mange, on boit, on se repose et on se reconcentre pour le moment clé qui vient : la descente du Col des Ecrins. Il y a consensus au sein de la cordée pour jouer la sécurité à fond, et n’assumer aucun risque non nécessaire : on tirera donc plusieurs rappels calmement sans faire d’erreurs, jusqu’au point où Olivier chaussera pour skier les derniers mètres. Me sentant plus à l’aise en crampons/piolet, je finis à pieds, ultra-concentré sur la pose de chaque pas.

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Ce moment de tension passé, la pression retombe brutalement et nous skions confortablement sur de l’excellente neige transfo dans les immenses pentes du glacier de Bonnepierre.

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Et ça se poursuit assez bas finalement, puisqu’une langue de neige permet de rejoindre le sentier vers 2000m.

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Avec la banane!

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C’est l’été en bas, et les skis se remettent sur le sac pour un retour paisible à la Bérarde. Une Pietra bien fraîche célèbrera ce beau succès.

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C'est un course qui restera et qui comptera dans nos carrières de skieurs-alpinistes : par son engagement physique et mental, mais aussi et surtout pour ce beau sommet atteint dans de superbes conditions !



Tête de Lauranoure

Un beau sommet, certes. Mais en réalité, c'est un peu plus pour Olivier et moi: c'est presque une revanche. Nous avions parcouru un bonne partie de l'itinéraire en Avril 2007 jusqu'à venir buter sur le passage technique de la course, bloqués par des conditions peu favorables.

Ce mercredi 15 Avril, avec une météo annoncée au top, nous avons plein de plans en tête mais l'idée de revenir sur ce sommet fait son chemin, et nous tentons le coup. Bien entendu, il est hors de question d'être stoppés au même endroit 8 ans après, et la motivation pour forcer le passage est forte. Nous revenons également avec 8 ans d'expérience supplémentaire l'un et l'autre, ce qui compte aussi face à ces situations.

Comme la dernière fois, nous démarrons de nuit de Saint-Christophe pour une montée au refuge de l'Alpe du Pin à la frontale (et non pas "aux frontales", la mienne ayant décidé de consommer toutes les piles depuis sa dernière utilisation).

Le refuge est top: gaz, couchettes, tables, un poêle et même de l'éclairage électrique sur panneaux solaires. Il est désert lorsque nous arrivons vers 22h30. Le réveil est réglé à 4h, soit une heure plus tôt que la dernière fois.

4h30, nous chaussons les skis pour une remontée de vallon de nuit. Toujours avec une seule frontale, ce qui nous contraint à rester groupés.

Olivier mettra les crampons assez vite, victime de ses peaux droites qui tiennent mal sur la neige durcie.

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Nous sommes déjà haut lorsque le soleil se montre, derrière la Grande Ruine.

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Et le ressaut se montre.

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Une petite pause plus tard, nous voilà dans le vif du sujet.

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La barre rocheuse passe sans problème, et la pente se redresse au dessus. C'est ici que ça se joue: la neige est fine, posée sur des dalles très exposées au soleil, et le regel est nul en profondeur. Il faut rester en surface sous peine de se mettre à brasser dans la semoule et perdre ses appuis.

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La pente se calme alors, et on se dirige vers le plus haut point skiable, vers 3200m.

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Sans aucun vent, posé sur un rocher chauffé par le soleil et devant un panorama incroyable, nous attendons que la neige se transforme pour entamer la descente.

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Le ressaut passe sans problèmes à skis.

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Plus bas, c'est de la poudreuse préservée du soleil.

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Et sans transition, nous traversons le vallon pour trouver les pentes plus exposées et finir sur de la bonne transfo.

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Pour finalement arriver à skis jusqu'au refuge, ensoleillé!

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...où après une bonne pause, nous remettons les skis sur le sac pour une descente vers Saint-Christophe, notre succès en poche!

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Et après la bière à la Cordée, nous pouvons admirer l'intégralité du parcours depuis la route:

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Les impressions d'Olivier, ainsi que des photos sont ici!





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